10 mois d'absence... Il était temps de remplir à nouveau ces pages qui se désespéraient.
Et on peut parler de continuité quand je regarde le dernier article. Nous nous étions quittés en Italie où j'ai eu la chance de retourner encore une fois cette année. Et ironie de cette longue absence, voici un nouvel hommage à la gastronomie italienne :
Quelle chance d’avoir un ami italien.
Déjà, alors que nous ne nous connaissions que depuis quelques jours, j’avais découvert la générosité italienne dans un resto sarde dont la succession des plats avait je l’avoue eu raison de mon appétit. Impossible de faire honneur à tous les piati de poissons qui se sont succédé après les antipasti et les primi. Il m’était juste resté un peu de place pour le tiramisu qui heureusement se mange sans faim… ;-)
L’expérience se renouvelle presque tous les ans au Sud de la région des Marches, près d’Ascoli Pisceno. Passage obligé par le Casolare à Venarrota. Un temple de la bonne cuisine italienne, orchestrée par Tonino, le pétulant maître des lieux. La chaleur, la perspective d’une digestion sans doute un peu plus longue que d’habitude, rien ne peut nous faire éviter cette étape. On y vient religieusement, concentrés, sur que nous allons passer un bon moment dans un cadre magnifique pour le plus grand plaisir de nos papilles impatientes.
Cette année, nous avons même décalé le déjeuner au dernier jour des vacances parce que Tonino n’était pas là l’avant dernier. Et oui, même si je devais prendre la route après la sortie de table plutôt que de faire la sieste habituelle, difficile de passer un si bon moment en l’absence de notre hôte bien aimé.
Comme d’habitude pas de carte. Elle existe mais nous préférons nous laisser guider par les recommandations du patron. Valerio prend juste la précaution de demander des petites portions ; les italiens ont toujours peur que l’on ait trop peu.
Alora… commence Tonino... Alora : Un po de ça pour les enfants et je vous apporte ça pour les parents… ? Ca vous va ? Vas y envoie, répondons nous en coeur !
Et ça ne manque pas, on avait parlé d’olive all’Ascolana et de beignets de courgettes (façon tempura si vous voulez) et d’un peu de charcuterie.
Arrive pour commencer, non prévu au programme, un millefeuille de bœuf, aubergine et mozzarella. Magnifique amuse bouche de la taille d’une entrée. Le jus du roti en carpaccio bave délicatement sur l’aubergine et la mozza. Un délice. Avec cela seulement, nos papilles et notre estomac auraient été satisfaits. Mais bon sont arrivées quelques tranches de jambon et de coppa locaux. Comment résister ? Comment résister aussi à la fritella qui les accompagne ? La fritella, c’est de la pate à pizza frite dans l’huile façon beignet. Gras et lourd, oui, je ne peux pas le nier, mais alors, qu’est ce que c’est bon……
Au rayon des antipasti, je dois aussi m’arrêter alors sur l’oliva all’Ascolana. Une merveille. Aussi bon que cela doit être long à préparer. Jugez plutôt : l’olive de la région est assez grosse. Elles sont dénoyautées et farcies à la main une par une d’une farce aux trois viandes (regarder la cuillère en argent). Puis panées dans une chapelure très fine et frites dans l’huile. Un délice ultime ! Si j’ouvre une épicerie fine, j’essaierais d’en faire venir quelques fois par an pour créer l’événement.
Un vin blanc local, un Pecorino, accompagne tout cela à merveille. Tout cela pourrait s’arrêter là. Mais nous sommes en Italie, nom de Dieu.
Alors arrivent trois plats de pates…. Pfouuhhhh mais Huuummm aussi !
Des raviolis pour les enfants. Les mêmes que les Buitoni mais en délicieux !! Un genre de spaghettis épais et carrés aux truffes. Et des bucatini all’Amatriciana...
Joie !
Subtilité de l’arôme de la truffe. Elle n’est jamais plus en majesté qu’avec des aliments qui ne lui pique pas la vedette, Œuf, Pate, Poulet…Ici, les miettes de truffes en abondance accrochées aux pates font exploser leur puissance dans notre bouche. De la truffe d’hiver attention. Oui nous sommes en été mais apparemment il vaut mieux conserver la truffe dans l’huile ou congelée. La truffe d’été est un peu moins puissante en gout.
Plaisir de dégustation de la recette locale ensuite. Amatrice est à 20 km de la où nous sommes et la sauce qui porte son nom mélange les trésors du coin. Le bucatini est un spaghetti un peu épais, percé au milieu… J’aimerais bien savoir quelle machine permet de faire ça. Je n’aurais jamais fini de découvrir toutes les sortes de pates. Les italiens sont des artistes et des créatifs !
Les accompagnent le guincale, de la joue de porc débitée en lardons très fins. L’Italie est un pays de terroir, on ne trouve localement que les spécialités de la région. Alors je me demande si le guincale est aussi connu en Toscane, en Campanie ou dans le Vénétie. En tout cas, cela aura été ma découverte de ce séjour. Quelques jours avant, entrant dans une boucherie, j’ai vu une dame sortir fièrement avec son morceau de guincale. Je vais demander à mon boucher, ce que l’on fait de ce morceau en France.
Avec le guincale, ajoutez du pecorino romano et un peu de piment. Les bouquins parlent aussi de tomate mais la recette du Casolare n’en a pas. Notre dégustation ressemble à des Carbonara si vous voulez. Difficile de comparer le résultat pourtant. La cuisson parfaite des pates et leur délicate épaisseur, la subtilité des saveurs vous emportent dans une expérience exceptionnelle.
Pas de trou normand, pas le temps de souffler. Après les primi, le piato. Heureusement que nous n’avons pas eu des piati. Nous avons ainsi pu donner toute la place qu’elle méritait à cette côte de bœuf à la Fiorentina. Regardez Tonino arroser fièrement la bête avec l’huile d’olive.
Croyez-le si vous voulez mais sur la route du retour, je n’ai même pas eu besoin de m’arrêter pour faire la sieste. La digestion s’est faite toute seule au rythme des virages de ces routes de montagnes qui traversent l’Italie de l’Adriatique à la Méditérannée.